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29 avril 2013 1 29 /04 /avril /2013 11:44

balance1.gif« Maintenant que cette loi est votée, peut-être que les voix qui se sont élevées de toutes parts, ces manifestations grandiloquentes, ces vedettes haranguant la foule, tels des camelots, pourraient rester sur leur lancée pour dénoncer les injustices sociales, les conditions de vie des personnes roms dans notre pays, les licenciements injustes… Bref, tout ce qui bafoue la dignité de l’être humain ! » Ces quelques mots, sous la plume de Pierre-Baptiste Cordier, résument assez bien l'un des arguments-phares de ceux qui, catholiques ou non, trouvent que décidément, les chrétiens se sont fourvoyés en s'élevant massivement contre le projet de loi du « mariage pour tous ». En un mot : c'est bien gentil tout ça, la récré a été amusante, mais maintenant, au boulot, Jésus se fiche que l'on prive un enfant de son père ou de sa mère, ce qu'il veut c'est qu'on s'occupe des pauvres.

 

Cet argument, disons-le tout net, a tendance à m'agacer un poil. Cela dresse un portrait du manifestant lambda qui ne correspond absolument pas à ce que j'ai pu observer autour de moi. Comme le souligne Isabelle de Gaulmyn avec beaucoup de justesse dans son dernier billet, « ces jeunes, on les sent « monter » depuis quelques années dans l’Eglise. Ils ont fait leurs armes dans l’organisation des dernières JMJ, notamment Madrid. Ils sont aussi souvent investis dans des actions très concrètes de charité, maraudes, colocations avec des exclus, ou autre « épicerie sociale ». Il serait stupide de les accuser de manquer de fibre sociale, car ils en ont. » Faut-il vraiment choisir ses pauvres ? Est-il absolument inconcevable de pouvoir se battre à la fois contre la PMA, l'IVG, la GPA et pour plus de justice sociale ? Jésus a-t-il tracé, dans Matthieu 25, le portrait- robot du « bon pauvre » à l'exclusion de tous les autres ? Faut-il choisir obligatoirement entre l'enfant rom et l'enfant à naître ?

 

On a beaucoup vu, durant ce débat, les deux parties en présence s'accuser mutuellement d'être le vassal de la « pensée unique ». Le danger qui guette notre société, à mon sens, n'est pas qu'elle se retrouve enfermée dans une pensée unique, quelle qu'elle soit. La segmentation (dont les communautarismes en plein essor ne sont qu'une facette) à l’œuvre dans notre monde fait que ce risque d'uniformisation générale de la pensée se pose à mon sens assez peu. Par contre, ce qui nous menace, c'est la pensée binaire. Soit blanc, soit noir. Si tu es contre l'avortement, ça veut dire que tu es pour que des femmes meurent en couches. Si tu défends l'idée qu'il est scandaleux d'enfermer en centre de rétention administrative des enfants dont les parents n'ont pas de papiers, c'est que tu es pour l'envahissement de nos frontières. Si tu es contre le mariage gay, tu es homophobe. Or, la jeune génération des catholiques présents dans les récentes manifestations ont ceci en commun qu'ils refusent cette pensée binaire. L'idée, finalement, que le message chrétien se réduit à une seule de ses parties. Pour faire court : doctrine morale d'un côté, doctrine sociale de l'autre. Et c'est une excellente nouvelle.

 

Dès l'origine, les chrétiens ont refusé de choisir. Dans les Actes des apôtres, la communauté chrétienne est décrite ainsi : « Tous ceux qui croyaient étaient dans le même lieu, et ils avaient tout en commun. Ils vendaient leurs propriétés et leurs biens, et ils en partageaient le produit entre tous, selon les besoins de chacun ». Et dans la Didachè, texte à peine plus tardif et qui manqua de peu sa place dans le canon biblique, on peut lire que le souci de la vie est également un impératif du chrétien : « Tu ne tueras point l'enfant par avortement et tu ne le feras pas mourir après sa naissance », ce qui, dans le contexte de l'Empire romain débutant, était d'une radicale nouveauté.

 

D'autant que se pose ici la question de la visibilité et de l'efficacité. Quand il y a un projet de loi, le meilleur moyen de se faire entendre, c'est de descendre dans la rue. Moi, je veux bien descendre dans la rue pour dire non à la pauvreté, à la guerre, au sida, aux bombes à sous-munitions, mais il ne me semble pas que ce soit le meilleur moyen de lutter pour la paix et la justice. Si les cercles de silence initiés par les Franciscains de Toulouse signent la visibilité des chrétiens dans le combat pour un juste accueil des sans-papiers, si cette visibilité est importante et même spirituellement cruciale, elle ne va pas sans un travail souterrain, invisible, peu médiatique de travail au quotidien auprès de ces personnes. Et c'est finalement ce qui me gêne le plus dans l'accusation portée par certains de mes frères chrétiens : faut-il que je fasse – c'est tendance - publication de mon « patrimoine dans les cieux », de mes bonnes œuvres, de mes déductions fiscales quand je donne aux ONG, du temps que je passe avec telle ou telle catégorie de démunis ? Dois-je, pour paraphraser le grand Georges, « pour les besoins de la cause publicitaire, divulguer avec qui, et dans quelle position je plonge dans la misère et dans la compassion » ?

 

Tenez, mon ancien voisin, par exemple. Il m'a mise dans la liste de diffusion des mails qu'il envoie collectivement à ses contacts pour alerter sur les évolutions sociétales en cours. Il est à fond, comme on dit. Par contre, son dévouement auprès des personnes handicapées au sein de l'Arche, son projet de mise en place d'un réseau d'alerte auprès des personnes âgées isolées, son refus de gagner, dans son travail de consultant en ressources humaines, plus d'argent qu'il ne lui en faut pour nourrir sa famille, je ne les connais que par incidence. Et c'est très bien ainsi .En fait, la facilité avec laquelle certains chrétiens qui regardent les manifs de ces derniers mois en se pinçant le nez sortent leur appartenance au camp du Bien en énumérant leurs bienfaits et lieux de combats me choque un peu.

 

S'imaginer que les manifestants qui, durant des mois, ont défendu avec acharnement une certaine idée de la famille (famille dont ils savent bien qu'elle est le dernier matelas sur lequel viennent s'écraser les travailleurs balancés du haut des grandes tours de la finance) sont des nantis aveugles aux réalités sociales, voilà qui marque un bel exemple de pensée binaire – et finalement, ce serait une assez bonne nouvelle, sur le plan économique : mazette, ce qu'il y a comme nantis, en France ! J'y vois, personnellement, un grand espoir, y compris sur le plan social. L'avenir ne devrait pas tarder à nous dire qui a raison.

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22 janvier 2013 2 22 /01 /janvier /2013 21:29

Conférence donnée à à l'Union départementale des associations familiales du Rhône le 14 décembre dernier par ma pomme. Bonne vidéo!

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1 décembre 2012 6 01 /12 /décembre /2012 14:56

 

1302083359_185035194_1-Photos-de--ECRIVAIN-PUBLIC.jpgMadame M est arrivée la première. En la voyant, toute petite sous le voile qui couvre impeccablement ses cheveux, des tas de petites cases de mon formulaire interne se sont cochées automatiquement : immigrée – sans travail – multiallocataire – famille nombreuse – époux au chômage - ne parle pas bien le français. Je lui souris, la fais asseoir. Je lui demande ce que je peux faire pour elle. « Une lettre pour les impôts ». Pour leur dire quoi ? « S'ils pouvaient me faire rembourser en plusieurs fois ».

Ça, c'est le bout du fil. Je le saisis, commence à dévider la pelote avec elle. Elle est française. Veuve. Travaille comme femme de ménage chez des particuliers depuis la mort de son mari il y a 15 ans. Elle a cette phrase des mères qui ont perdu un enfant quand je lui demande combien elle en a : « Quatre, enfin trois ». L'aînée est en train de passer l'internat, elle en est fière. Les deux autres ont « une bonne situation », comprenez qu'elles sont mariées. Est-elle suivie par les services sociaux ? « Jamais » dit-elle, avec le sursaut de ceux que l'on insulte. Mon formulaire interne en prend un vieux coup.

Elle parle le français mais ne l'écrit pas. Il y a quatre ans, la voisine qui lui remplit sa déclaration d'impôts a coché la mauvaise case : « temps plein » au lieu de « temps partiel », et la voici éligible pour la prime pour l'emploi. Le fisc s'est aperçu de l'erreur. Il lui réclame de l'argent, une somme que ses 700 euros mensuels actuels dont 600 de loyer ne peuvent honorer. Elle est aux abois. Ils le sont tous, d'ailleurs : depuis que nous avons ouvert cette permanence hebdomadaire d'écrivain public, nous qui nous étions préparées à nous faire dicter des lettres d'amour, nous ne recevons que des gens à bout de forces, de solutions, de portes où frapper. A-t-elle fait des démarches pour percevoir une aide pour son loyer ? « Jamais », de nouveau, appuyé avec la même force. Puis : « Enfin, si, j'ai commencé une fois. Mais j'ai retrouvé du travail, alors j'ai tout annulé ». Nous faisons sa lettre. Ma collègue appelle devant elle le conseiller des impôts qui s'occupe de son cas. Deux mois de sursis, jusqu'à réception de sa nouvelle déclaration. Mais après ? Elle remercie et c'est à ce moment-là qu'elle s'effondre. « Vous vous rendez compte, la semaine dernière pour manger, j'ai pris sur la bourse de mon fils ».

 

C'est au tour de Monsieur F. Il parle avec un fort accent espagnol, malgré ses quarante ans passés ici. Il est fatigué, chaque atome de son corps respire la fatigue profonde et résignée de cette maladie si souvent croisée ici de l'asthénie d'étiologie administrative. Il marche difficilement, en appuyant de tout son poids sur une béquille qui a l'air de crier grâce à chaque pas. Il veut une lettre, lui, pour des prunes. Quatre amendes pour infractions de stationnement en quatre mois. Il a été greffé du foie l'an dernier. Il vit seul. Il a fait une demande à la maison départementale des personnes handicapée pour avoir la carte de stationnement. Son dossier est en cours de traitement. En attendant, il est obligé de se garer comme il peut et où il peut, le plus près possible de sa pharmacie et de sa supérette, car marcher est une torture. Nous écrivons sa demande de recours gracieux. Lui faisons la photocopie du récépissé de sa demande de macaron, en lui conseillant de la mettre en évidence sur le tableau de bord quand il quitte son véhicule. Il nous remercie, esquisse l'ombre d'un sourire et repart à pas lents.

 

Elle, ce sont ses rondeurs qui me l'ont fait mettre dans la case « assistée », bien que j'aie les mêmes. Les clichés ont la vie dure. Mais celle de madame K. l'est aussi. Elle souhaite écrire un courrier pour la commission DALO (droit au logement opposable) de la préfecture. Elle pose sur le bureau un dossier énorme. Je commence à feuilleter. Le vertige.

Elle est mariée, elle a eu cinq enfants en sept ans. Son mari et elle travaillent pour une entreprise de nettoyage. Éligibles à un logement social, ils ont pris ce qu'on leur proposait, 90m² dans un immeuble géré par un bailleur social. Mille euros de loyer par mois pour un logement dont le bail indique qu'il est « non décent » - divers certificats le montrent carrément insalubre. Mais si elle veut en partir, ce n'est pas à cause des moisissures, de l'électricité aux normes douteuses ou des trous dans le mur. C'est à cause du voisin du dessus. Un déséquilibré qui terrorise les habitants. Elle a dû mettre ses deux plus grands garçons à l'abri chez une amie, à l'autre bout de la ville, parce que le cadet s'est fait fracturer l'épaule par une bouteille lancée exprès sur lui. Attestations du médecin. Le père qui travaille de nuit dort dans sa voiture tant les hurlements du voisins sont incessants le jour. Un jour, le fou a tambouriné à la porte d'un autre voisin, en pleine nuit, en hurlant tellement que le jeune homme a sauté par la fenêtre. Les attestations des voisins contiennent toutes une mention d'un anxyolitique. La police décourage les plaintes et ne veut plus prendre les mains courantes. « Mais madame, si on devait l'embarquer à chaque fois, il passerait sa vie chez nous ! » Elle, elle veut juste pouvoir dormir de nouveau avec son mari et sous le même toit que ses enfants, sans avoir peur dès qu'elle ouvre la porte. Elle a demandé de l'aide partout. On l'a envoyée de structures municipales en structures départementales, elle croule sous des attestations plus hallucinantes les unes que les autres. Mais rien ne bouge. Nous écrivons la lettre. Une fois son dossier DALO posé, il lui faudra attendre la réponse six mois, et si elle est positive, encore trois mois d'attente le temps qu'un logement se libère.

 

Ce qui me frappe le plus chez tous ces gens et bien d'autres, c'est plus encore que la fracture sociale. C'est la fracture sémantique doublée de la fracture numérique. Dans les problèmes qu'ils rencontrent, on peut tous se reconnaître. La différence entre eux et moi peut résider dans la taille des ennuis, mais elle réside surtout dans la différence de moyens. Je sais lire, je sais écrire, j'en ai même fait mon métier. Je sais faire la voix douce ou la voix fâchée au téléphone parce que je n'ai pas à me préoccuper de la syntaxe des phrases qui sortent de ma bouche, cela vient tout seul. Les rendez-vous avec la sécu, les allocations familiales, toutes les administrations, je règle ça en un coup de fil, parfois deux ou trois, ou en quelques clics. Je rouspète et vitupère quand exceptionnellement il faut que je finisse par me déplacer. Pour eux que l'école a laissés illettrés, ni le clavier ni le stylo ne peuvent porter leur voix, laquelle cherche déjà tellement ses mots. Ils sont ballottés d'administrations en administrations, qui croulent sous tellement de misère qu'elles parent au plus pressé faute de temps et de moyens humains et financiers. Je n'ai jamais rencontré, dans tous les interlocuteurs sociaux que j'ai eus au téléphone pour ces personnes, de fonctionnaires flemmards, méchants ou je-m'en-foutistes. Des gens submergés, ça, oui.

 

Pendant ce temps, la gauche est occupée. Il paraît qu'il y a plus urgent. Une promesse de campagne à tenir coûte que coûte - marier les couples de même sexe – et une promesse de campagne en voie de trahison – la fin de la RGPP.

 

Quitte à trahir une promesse sur deux, essayez donc d'échanger, pour voir. M'est avis que ça aiderait plus de gens.

 

Mais c'est sûr, ça fait moins cool.

 

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20 novembre 2012 2 20 /11 /novembre /2012 18:44

Capture-d-ecran-2012-11-19-a-15.14.35.pngGrosse fatigue, ces jours-ci. Quand on entre dans le débat sur le « mariage pour tous », on est plein de bonne volonté. On argumente, on explique pourquoi l'on pense que ce projet est mauvais pour tous, pourquoi on n'est pas favorable à une telle conception de la société. En réponse, on se prend des tombereaux d'injures. Bon. On a le cuir solide, on se dit : la vache, ils doivent souffrir sacrément ces gens, pour être aussi agressifs. On essaye donc de discuter, d'argumenter mieux, de réfléchir avec l'autre. Parfois, ça marche : plusieurs commentateurs arrivés sur ce blog prêts à en découdre se sont radoucis au fil de la discussion. J'ai pris un pot avec certains. On n'est toujours pas d'accord, mais on se respecte – et du coup la discussion s'est arrêtée. C'est normal : certains, qui soutenaient ce projet avec une vraie intention louable de sécuriser juridiquement les couples de même sexe et les enfants élevés dans ce cadre, se sont simplement rendu compte que ce projet risquait de précariser tous les couples. D'autres assument le fait qu'ils ont une vision de l'humanité qui n'est pas la mienne, ni eux ni moi n'y renoncerons, donc soit nous restons en contact en évitant le débat, soit nous reprenons chacun notre chemin.

 

Là où je fatigue, c'est sur le concept de souffrance. L'idée que, parce que les personnes homos ont souffert, ou souffrent toujours, cela justifierait toute proposition de loi, toute réforme, même la plus absurde. Certes, il y a des personnes parmi les militants qui souffrent. C'est indéniable. Mais, mes petits cocos, je vais vous dire un grand secret : tout le monde souffre. Tout le monde. C'est même un truc qui s'appelle la condition humaine. Je défie n'importe lequel des lecteurs de mon blog, les pour, les contre et les ni l'un ni l'autre, tiens : on fait un concours. La souffrance n'est pas exclusive des personnes homos. Et surtout, elle n'excuse pas tout. Et certainement pas la violence, la méchanceté et le dénigrement.

 

Car depuis quelques temps, la pauvreté des arguments des pro-mariage pour tous est désormais visible. Le roi est nu. Les arguments juridiques, pour protéger de pauvres familles à la merci des accidents de la vie ? Faux, comme l'a brillamment démontré Koztoujours. Reste donc l'insulte.

 

Le grand argument, ces jours-ci, c'est de dire que les enfants martyrisés sont l'apanage des couples homme-femme. Beaucoup des arguments des militants pro-mariage gay tournent autour de la décrédibilisation de la famille homme-femme-enfants. Il y a plusieurs degrés dans cette assertion. Pour prouver que les parents de même sexe sont vachement mieux que les autres, on a d'abord eu recours à cet argument imparable : deux personnes de même sexe qui s'aiment valent mieux qu'un couple homme-femme qui se déteste / violent / alcoolique (rayez, ou pas, la mention inutile). Re-scoop : des bonnes carottes valent mieux que de mauvaises patates. Voilà qui éclaire le débat d'un jour nouveau. On sent l'argument de haut vol. Même que je suis d'accord avec, c'est dire. Et puis allez savoir comment, l'affaire Courjault s'est retrouvée au milieu du « débat ».

 

Ah ! Cette affaire Courjault, chers militants LGBT, comme elle vous plaît. Comme vous vous délectez de cette « preuve » que l'infanticide est hétérosexuel. C'est même devenu un poncif. « C'est vrai qu'il vaut mieux avoir M. et Mme Courjault comme parents que deux homos ». Et . Et . Même Christophe Barbier, directeur de l'Express, y va de sa petite allusion taquine pour expliquer pourquoi il soutient la réforme du mariage « pour tous ». Mieux : maintenant on pousse la comparaison jusqu'au bout : « y'a pas que les enfants d'hétéros qu'on peut mettre au congélo ». Partagé près de 200 fois sur Facebook. Huhuhu. Humouuuuuuuur, on te dit. T'façons vous les cathos, zêtes coincés question blagues, pffffff.

 

Sauf que.

 

Sauf qu'il se trouve qu'au hasard d'une rencontre sur Facebook, je suis devenue amie avec un membre de la famille Courjault. Une femme qui a dû annoncer aux enfants de Véronique Courjault que leur maman était en prison et pourquoi. Une femme qui a vu la vie de tous les membres de sa famille brisée par ce drame. Une femme qui a elle-même des enfants, qui ne sont pour rien dans cette affaire, et qui se verront toute leur vie à la merci de blagues idiotes qui feront rire deux minutes ceux qui les profèrent et blesseront durablement ceux qui les reçoivent en plein cœur. Vous voulez prouver que vous aimez les enfants ? Commencez donc par respecter ceux-là.

 

D'autant que « l'argument », il peut se retourner facilement. Parce que forcément, un « argument » pareil, qui dit que les couples homos sont exempts de maltraitance, on cherche s'il est vrai. Parce qu'il existe des études flippantes. Parce que n'importe qui peut, en cherchant deux minutes sur internet, trouver des faits divers d'un sordide absolu concernant des enfants élevés par des couples de même sexe : ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici ou , liste non exhaustive.Voilà, j'ai répondu à votre argument. Qu'est-ce qu'on a bien avancé, dites donc.

 

Si vous voulez absolument que la bataille se déroule dans le caniveau, soyez prêts à assumer le fait que votre "humour" et votre refus du dialogue soient parfaitement contre-productifs. Il est assez drôle à ce propos de lire, sur les réseaux sociaux, la façon dont vous répondez à des gens qui sont a priori plutôt d'accord avec vous qu'avec moi. Les malheureux se risquent-ils à oser dire que même si à titre personnel ils vous soutiennent, ils connaissent des gens qui sont contre cette loi et qui ne sont pas pour autant homophobes, que ça ne rate jamais: ils se font traiter d'homophobes. Remplacez "homophobe" par "raciste", et contemplez le résultat de vingt ans de matraquage sur le thème "si tu votes FN t'es raciste". C'est sûr, le FN a complètement disparu aujourd'hui.

 

Si vous êtes prêts à discuter honnêtement, sur des arguments juridiques, contre-argumentez donc le billet de Koz ou le mien.

 

Vous voulez "l'égalité", ou plutôt l'idée que vous vous en faites? Montrez que vous êtes des citoyens comme les autres. Faites, finalement, comme tout le monde : gardez vos souffrances pour vous, et argumentez.

 

Chiche.

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24 octobre 2012 3 24 /10 /octobre /2012 16:55

snuffit1-copie-1.jpgDrôle de gouvernement de gauche. Elevée par des cathos de gauche engagés dans la société civile, ayant voté à gauche moi-même sans interruption jusqu'au 21 avril 2002, je ne reconnais plus la matrice qui m'a nourrie. Et je ne suis pas la seule, si j'en crois tous ces déçus qui ont voté Marine, Eva, François ou Jean-Luc dans l'espoir assez vain de retrouver la gauche ailleurs qu'à gauche. Moi,je ne sais pas où est passée la gauche, J'avais trouvé des effluves de son passage en 2007 – il y a un siècle – chez François Bayrou. J'y avais cru, je n'y crois plus. Ce que je sais, c'est que la gauche n'est pas au gouvernement.

 

Qu'est-ce que la gauche? C'est la défense de l'opprimé, du faible, du pauvre. La recherche, qui s'est si souvent perdue en cours de route, de la justice sociale. « Debout, les damnés de la Terre ! » chante-t-on encore ici où là. Vœu pieux. Intention louable. Mais au-delà ?

 

Aujourd'hui, la gauche au gouvernement ressemble à s'y méprendre à ces dames patronnesses d'Epinal qu'elle a autrefois moqué à raison, donnant du bout des doigts leurs miettes superflues à des nécessiteux qui les remerciaient en serrant les poings. Le droit de vote ? Bah, donnons-le aux étrangers, puisque de toute façon Bruxelles aura le mot de la fin sur toutes les décisions votées par le peuple. Le mariage ? Ouvrons-le aux couples de même sexe : il est déjà dans le coma, achevons-le. Donnons au peuple, finalement, nos vieilleries démodées, et gardons l'essentiel : un système global qui broie les individus, une misère sociale explosive, des garde-fous sociaux submergés. Mais surtout, ne nous préoccupons pas de mettre à bas, ni même de réformer, une société conduite par des chauffards fonçant dans un mur de béton juste pour voir si leur toute-puissance les sauve.

 

Cette frénésie mortifère se lit à longueur de télex sur les chaînes économiques. Les systèmes pyramidaux de type Madoff, les LBO – systèmes illégaux ou pas – procèdent du même désir de créer ex-nihilo une richesse qui ne peut que s'effondrer, puisque le capital initial n'existe pas. Mais peu importe si l'entreprise en crève, avec ses cohortes de gens au chômage ; peu importe que le cheval s'écroule d'épuisement sous nos reins, naseaux sanglants et écume au mors : le cavalier suicidaire est déjà parti poursuivre sa course folle sur une autre monture, laissant le palefrenier de la première sans travail et le propriétaire sans son gagne-pain. La souffrance au travail, cette hydre qui, si l'on osait se pencher sur elle, expliquerait tant de suicides, tant de dépressions, tant de comprimés et d'alcool avalés avant d'aller bosser, n'est que la face visible d'un système psychotique où ce que l'on demande aux travailleurs, c'est de tuer leurs entreprises.

 

Suicidaire. A coup sûr, notre société l'est. Les exemples ne manquent pas. De façon individuelle, nous sommes amenés à adopter des conduites suicidaires, par un bourrage de crâne dont la gauche n'est pas la seule responsable, mais où elle joue sa part. Deviens ce que tu crois être ! Fais ce que tu veux ! « Just do it ! » « N'écoute que toi ! » Le résultat ? L'explosion des conduites suicidaires. Un ami psychiatre me racontait les nouvelles méthodes de défonce des jeunes et des très jeunes : tampons hygiéniques imbibés d'alcool pur dans l'anus, binge drinking, addictions au porno, aux jeux vidéos. Car cette concentration de tous les désirs et de toutes les attentes sur soi-même ne peut que nous enfermer dans une spirale de l'avoir au détriment de l'être, dans une survalorisation du moi où l'autre devient soit un obstacle, soit un moyen à la jouissance solitaire. Nous, êtres limités et imparfaits, avons renoncé à sortir de nos limites en nous ouvrant à l'altérité. Nous nous contentons de repousser tant bien que mal ces limites, à coups de scalpels, d'euphorisants et de possession. Et ce faisant, nous avons renoncé à notre incarnation.

 

Or, la désincarnation ressemble à s'y méprendre au suicide. La façon ultime de s'affranchir de son corps, n'est-ce pas la mort ? Quelle pathologie a explosé ces vingt dernières années ? L'anorexie, cette volonté de contrôle de soi totalitaire et totalisante, où le corps se détruit du refus de l'extérieur à soi qu'est la nourriture. Terrifiante maladie où le corps est devenu le jouet d'un cerveau dont la perception est devenue pour la personne réalité. Je le sens, donc c'est légitime. Je suis sincère, donc c'est vrai. Même la perversion narcissique, finalement, trouble jusque-là peu répandu, dont on commence à parler des ravages qu'elle provoque dans les familles et les entreprises, et qui promet d'être un chantier immense de santé publique dans les prochaines décennies, nous dit, nous crie, nous hurle ce rapport dévié à l'altérité devenu la norme.

 

Et la gauche, dans tout ça ? La gauche a abdiqué. Par paresse ou par peur, la gauche s'est mise à la remorque du système et, tout en entonnant les grands airs de la libération de l'homme, ne s'est pas aperçue qu'elle chantait la chanson du capital. Qu'elle participait au malheur collectif qu'elle avait vocation à combattre. La vraie gauche, elle aurait vocation à dénoncer la lente mais sûre déconstruction du lien social élémentaire qu'est la famille, parce que le portrait-robot du pauvre en France aujourd'hui, c'est la mère de famille monoparentale qui accepte n'importe quel job pour élever seule ses enfants. La vraie gauche, elle devrait se battre contre l'avortement de masse, parce qu'elle devrait être du côté du plus faible. La vraie gauche, elle n'applaudirait pas à des slogans comme « Les homos aussi veulent pouvoir divorcer », parce qu'elle saurait le drame individuel et social que tout divorce recouvre, et qu'elle n'enverrait pas les couples de même sexe au casse-pipe quand on sait que le taux de violence conjugale et de divorce y est infiniment supérieur. Mais non : elle nous explique que s'il y a plus de violence et de divorce dans les couples de même sexe, c'est parce la société est intolérante. Imaginez un peu sa réaction indignée (et justifiée, pour le coup) si une personne noire tuant son épouse blanche (ou le contraire) expliquait à la barre que c'est la faute au racisme !

 

Drôle de gauche, vraiment. Mais qui ne me fera pas passer à droite. La ligne de fracture aujourd'hui ne se dessine plus entre gauche et droite, mais entre ceux qui acceptent le réel, et ceux qui lui demandent de s'adapter à notre chaos intérieur. Ceux qui veulent le dialogue et la rencontre, et ceux qui insultent planqués sous des pseudos derrière leur écran1.

 

Choisis ton camp, camarade. J'ai choisi le mien.

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1Je fais allusion ici au contenu de ce billet, pas à son auteur.

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29 septembre 2012 6 29 /09 /septembre /2012 21:54

IMGP9191.jpgMonsieur le député,

 

C'est en tant que citoyenne française ayant une dette particulière envers la République que je vous écris.

 

Née sous X, j'ai en effet l'honneur d'avoir été pupille de l'Etat avant mon adoption, à l'âge de 6 mois. Et c'est véritablement un honneur pour moi: je puis peut-être davantage encore que d'autres dire que la République est ma mère, car elle a donné à ma mère biologique la possibilité de me faire naître dans le secret que nécessitait sa situation si difficile; la République m'a reconnue comme sa fille, me donnant un prénom et un nom, et cette nationalité française qui fait ma fierté; elle m'a recueillie, m'a nourrie, m'a soignée.

 

La République m'a ensuite cherché et trouvé des parents.

 

Ses fonctionnaires ont choisi parmi de nombreux candidats ceux qui sont devenus mes parents. Nous nous sommes adoptés mutuellement, reconnaissant dans nos blessures respectives – moi l'abandon, eux l'infertilité – la possibilité, non de réparer, mais de faire se rencontrer des accidents de la vie. Je suis devenue leur fille, ils sont devenus mes parents. Et la République, dans sa sagesse, a tout mis en œuvre pour que ni eux ni moi ne soyons considérés comme demi-parents ou semi-enfant : les deux états civils antérieurs à mon adoption ont été détruits, je porte désormais le nom de mes parents adoptifs, munie d'un nouveau prénom que leur amour m'a choisi. Si aucun de nous ne disait que j'avais été adoptée, personne ne le savait. J'ai eu, grâce à la République, un père et une mère comme tous les enfants.

 

Aujourd'hui, Monsieur le député, cette même République est sur le point de voter une loi inique. Une loi qui concernera au premier chef tous ceux qui, trente-sept ans après moi, lui sont confiés. Une loi qui ouvre l'adoption aux couples de même sexe. Une loi qui se propose de faire disparaître le droit de chaque enfant à être né d'un père et une mère, et à être élevé par eux.

 

Dans l'esprit de beaucoup, il semble que le sexe de ceux qui vous élèvent importe peu, que l'amour prime. Permettez-moi de vous dire que c'est un leurre, en particulier lorsqu'il s'agit d'enfants adoptés. L'amour est essentiel mais parfaitement insuffisant. Les qualités pédagogiques individuelles de chaque parent aussi. Ce dont un enfant a besoin avant tout, c'est de pouvoir dire « papa » et « maman ». Nous, enfants nés sous X, le savons mieux que quiconque, car on ressent toujours plus fort ce dont on a failli être privé. Parce que tous les enfants du monde naissent d'un père et d'une mère, et que lorsque la vie vous en prive, il n'en reste pas moins que c'est d'un père et d'une mère que nous sommes nés. Je n'ai pas été élevée par l'homme et la femme qui m'ont mise au monde. J'ai eu en revanche la chance d'être élevée, et d'une certaine façon de naître, d'un père et d'une mère comme tous les enfants.

 

Je ne puis me résoudre à voir la République que j'aime et à laquelle je dois tant s'engouffrer dans ce déni absolu de justice, qui consisterait à écrire dans la loi qu'un enfant peut naître de deux hommes ou de deux femmes. Ce faisant, vous vous placez du point de vue de la satisfaction de deux adultes, par ailleurs respectables. Pas du point de vue de l'enfant. Et l'enfant, Monsieur le député, devrait être votre préoccupation première. D'abord parce vous êtes un élu de la République, cette même République qui veut l'égalité de ses citoyens mais s'apprête à bafouer l'égalité des enfants à travers cette loi absurde. Ensuite parce que vous êtes un élu de gauche, et que vous avez le devoir, en tant que porteur d'une certaine idée de la défense du plus faible, de ne pas céder à la pression du plus fort.

 

Ne pensez pas qu'en vous écrivant je défende un quelconque pré carré, ou quelque lobby que ce soit. J'essaie d'avoir, comme tous les vrais républicains, le souci de l'intérêt général. Ce n'est pas toujours évident: l'abandon sous X, par exemple, est quelque chose qui reste difficile à vivre. Pourtant je ne souhaite pas sa disparition, parce qu'il représente un intérêt supérieur à ma curiosité personnelle.

 

Je vous demande donc, Monsieur le député, de ne pas voter en faveur de cette loi, au nom d'une certaine idée de la République, qui se doit d'être au-dessus des groupes de pression afin de favoriser l'intérêt général, et d'offrir le meilleur à chacun de ses citoyens, en particulier les enfants.

 

Cette lettre adressée à M. Thierry Braillard n'étant pas un billet, elle est fermée aux commentaires.

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11 septembre 2012 2 11 /09 /septembre /2012 11:01

 

I-Love-Divorce-(V)-Bodys-BebesHier, au tribunal. Le juge qui reçoit l'épouse seule, dans le cadre de l'audience de conciliation d'un divorce à l'amiable. Lit à voix haute le prénom et la date de naissance des trois enfants du couple. Bute sur la date de naissance de la dernière : 2011. Regarde, estomaqué, la mère qui fait un geste d'impuissance. Il soupire. Et dit : « C'est l'époque ».

 

L'époque est donc, sachez-le à l'abandon d'enfants. Pas un abandon à l'ancienne, où il résultait toujours d'un drame quelconque : pour avoir potassé durant des années des dossiers d'enfants nés sous X, je peux vous dire que ces abandons-là étaient le fruit de souffrances sans nom, de circonstances affreuses, de drames inimaginables. Aujourd'hui, l'abandon des enfants, bien plus massif, a une autre cause. Cela s'appelle le « développement personnel ». Et il ne survient pas par accident. Maintenant, on le programme, on va chez le psy en amont pour préparer le traumatisme. « On va se séparer, comment l'annoncer et qu'il le prenne bien ? » Magnifique.

 

Car dans notre monde où l'enfant ne doit naître que s'il est désiré, vient un temps où ce désir s'émousse. Où l'on se rend compte, les deux mains dans la troisième couche pleine de merde de la journée, que finalement le bébé qui hurle, là, collant de sueur et de morve, va nous faire encore passer une nuit pourrie. Que l'on va encore devoir téléphoner à son patron en expliquant qu'il est malade. Qu'il n'est jamais content, qu'il se fout éperdument de nos heures de sommeil, que la totalité des moments chouettes avec lui est incomparablement inférieure aux tracas et aux emmerdes qu'il nous cause. Et notre monde étant ainsi fait que lorsque le désir s'éteint, il faut se séparer, ben on se sépare. De ses enfants. Quel que soit l'âge. Et on va poursuivre sa quête de la Réalisation de Soi (qui passe, disons-le clairement, par le plus d'orgasmes possibles) ailleurs, en s'auto-persuadant que l'enfant que l'on largue en même temps que le conjoint sera d'autant plus heureux qu'on le sera nous-mêmes. C'est bien connu. Lorsque papa et maman se séparent, les enfants éperdus de reconnaissance leur sautent au cou en criant merci, des larmes de joie dans les yeux et la gratitude débordant des lèvres.

 

« C'est l'époque ». Dans mon entourage proche, quatre familles avec nourrissons brisées depuis deux ans, non parce que les parents se détestent, non parce que les parents se disputent sans cesse, non parce que l'un cogne l'autre, mais parce l'un des conjoints (presque toujours le père, désolée messieurs) s'emmerde. Et si j'en crois ce que je lis, ce que mes contacts instituteurs, orthophonistes, avocats, médecins me racontent, c'est un phénomène généralisé. C'est l'époque, oui. Notre époque est à la quête de soi qui ne passe plus guère par autrui. Une quête de gagne-petit, de Jean Moulin de supérette, qui préfère sacrifier sans hésiter l'enfant gêneur plutôt que son confort à son idéal infantile de jouissance sans frein.

 

Que va-t-elle devenir, cette génération d'enfants désirés, voulus, exigés, obtenus parfois après un parcours médical du combattant, et que l'on jette dès que l'obsolescence de ce désir arrive, comme arrive la date limite de péremption du dernier écran plat ? Que vont-ils devenir, ces « enfants du serment trahi », selon la jolie mais terrible expression de Jean-Noël Dumont ? Quelles conséquences tout au long de leur vie ? On commence tout juste à en mesurer quelques-unes. On sait qu'ils souffrent de conditions matérielles et psychologiques plus précaires. Que la réussite à l'école, la réussite de leur futur couple en est grandement affectée. D'autant que la justice cautionne ces petits arrangements entre adultes : papa se barre après la naissance du premier enfant, mais surtout, il faut que maman et bébé s'adaptent à son petit confort. On fait donc jouer la garde alternée, formidable invention qui fait que papa et maman peuvent à égalité jouer leur rôle pendant 15 jours et se désintéresser de leur progéniture durant 15 autres jours, interdisant du même coup à l'enfant de dire « chez moi », mais seulement « chez papa » ou « chez maman ». Étonnez-vous d'avoir une génération de gamins qui ne savent plus où ils habitent. Dans le meilleur des cas, la garde revient au conjoint qui subit, mais, comprenez, il ne faut surtout pas dire à l'enfant la réalité, à savoir que le parent fuyard l'a abandonné : non, il conserve ses droits parentaux au même titre que l'autre, ce qui lui permet de lui donner de grandes leçons par téléphone en sirotant sa bière quand l'autre se coltine le quotidien. Enfin, pas toujours : dans 34% des cas, l'enfant ne voit plus jamais son père après un divorce. Au moins, les choses sont claires.

 

Une question, au passage : il se passe quoi, si le conjoint quitté décide que lui/elle aussi a droit à son petit chemin de bonheur perso ? Si aucun des deux ne veut la garde ? Ils deviennent quoi les gamins ? On les fout à l'ASE ? On les euthanasie ?

 

Cela fait belle lurette que l'enfant n'est plus dans les faits un sujet. Il n'est plus qu'un objet de désir. Une dette sur pattes de voir son existence dépendre du désir tout-puissant d'adultes. Il est devenu la variable d'ajustement du bonheur d'individus incapables de concevoir le bonheur autrement qu'en termes de jouissance personnelle. Alors sachez-le avant de les faire, ces gamins : non, un enfant ce n'est pas épanouissant. Sauf fugacement à la boulangerie, quand ils disent bonjour et merci par inadvertance, et qu'on se rengorge parce que la boulangère les trouve tellement bien élevés. Être parent, ce n'est pas épanouissant. C'est répéter ad nauseam les mêmes choses tous les jours, c'est vivre dans une maison jamais vraiment rangée ni propre, et plus il y a d'enfants, plus c'est Beyrouth. C'est avoir une vie sexuelle en pointillés dans le meilleur des cas. C'est s'écrouler sur son lit à peine les enfants dans le leur, et sombrer dans le coma jusqu'à ce que la dernière décide qu'elle a fini de dormir à 2h du matin. Ça coûte un pognon fou, même quand on résiste à la DS réclamée sur un ton hystérique dès l'âge de 4 ans. C'est tout le temps malade. Quand vient l'adolescence, c'est la prescription d'antidépresseurs pour les parents quasi-assurée. Ça décolle de chez vous de plus en plus tard. Ça fait des études qui vous mettent sur la paille. Ça, c'est la réalité. Et la réalité, c'est que pour qu'ils puissent être heureux, il faut sacrifier tous nos rêves de gloire, de voyages, de vie professionnelle parce qu'on est responsables d'eux, parce qu'ils n'ont rien demandé et certainement pas à vivre, et qu'on leur DOIT le meilleur. Et lorsqu'on emprunte cette route-là, oui, à la fin, quand ils deviennent véritablement sujets de leur propre existence, on peut se dire : j'ai fait ce que j'ai pu, et que j'aie réussi ou non, il y avait de la noblesse dans mon sacrifice.

 

Par pitié, cessez de désirer des enfants. Élevez-les, plutôt. Et acceptez de passer après.

 

Ou alors, prenez un chien.

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10 août 2012 5 10 /08 /août /2012 21:40

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On me demande souvent pourquoi je suis opposée au « mariage gay ». Pour beaucoup, en effet, il s'agit de rétablir la justice; mais comme on va le voir, la question n'est pas si simple.Petit tour d'horizon des arguments de ses défenseurs, et de mes réticences et questionnements. Merci de le lire en entier avant de me tomber dessus;)

 

1/ C'est une question d'égalité des droits. Les homosexuels doivent pouvoir avoir les mêmes droits que les autres. Y compris de se marier !

 

Je suis entièrement d'accord. Mais la République n'a que faire de l'égalité des couples devant la loi. Ce qui l'intéresse, c'est l'égalité des individus, et cette égalité-là, j'en suis la première convaincue, ne souffre pas d'exceptions. C'est bien pour cela que dans la loi française, les homosexuels ne sont pas traités par la loi différemment des autres. Moi qui suis une femme, je ne peux me marier qu'avec un homme, quelle que soit par ailleurs ma sexualité. Les exemples de personnes homosexuelles mariées, quelles qu'en soient les raisons, ne manquent pas. Et si je dis cela, ce n'est pas pour le plaisir de jouer sur les mots : c'est de la nature même du mariage dont il est question.

Le mariage, c'est un contrat juridique qui sert à déterminer le cadre dans lequel seront élevés les enfants. On peut me rétorquer que certains, pas forcément homos d'ailleurs, ne l'utilisent pas à cette fin. On pourrait me répondre qu'aujourd'hui, le mariage, ce n'est plus ça. Peut-être que dans la tête des gens, ce n'est plus ça. Mais juridiquement, ça reste ça. Et c'est bien pour cela que les opposants au « mariage gay » dont je suis s'émeuvent des conséquences. Parce qu'on peut tout à fait vouloir épouser son ou sa conjointe pour simplement officialiser un amour ; il n’empêche que, qu'on le veuille ou non, qu'on en soit conscient ou pas, en signant ce type de contrat, on adopte du même coup les contours juridiques de la création de nouveaux êtres humains. Il y aurait d'ailleurs peut-être moins de divorces et moins d'engouement autour du mariage si l'on savait réellement à quoi l'on s'engage. Tous les avantages qui découlent du mariage – avantages fiscaux, légitimation automatique des enfants, solidarité financière entre époux etc – ne sont là que pour protéger les enfants et faciliter leur vie à eux. Dire que le mariage actuel discrimine les homosexuels est aussi sensé que de dire que les sociétés civiles immobilières (SCI) discriminent les non-propriétaires.

 

 

2/ Qu'est-ce que ça pourrait bien vous faire, à vous personnellement, si le mariage était ouvert aux personnes homosexuelles ? Vous avez toujours le mariage religieux si vous voulez vraiment que votre mariage à vous signifie ce que vous dites. Mais n'empêchez pas pour autant les autres de se marier !

 

Pardon, mais le « mariage pour tous » risque fort d'impacter mon mariage à moi. Pourquoi ? Parce que le mariage étant une structure juridique destinée à l'accueil des enfants, il se profile deux possibilités : soit la loi française se met à établir une « fiction juridique» (cela existe déjà, mais les fictions juridiques actuelles sont sous-tendues par une vérité symbolique), soit elle affaiblira le mariage homme-femme pour qu'il soit aussi vide qu'un éventuel « mariage gay », ou « mariage pour tous », selon la terminologie de ceux qui le défendent.

Prenons un exemple, celui de la légitimation par le mariage. Actuellement, si je tombe enceinte, mon mari n'a pas besoin d'effectuer de reconnaissance de paternité : l'enfant qui vient dans un couple marié est présumé automatiquement de l'époux. Si le « mariage homo » devient légal, trois possibilités :

A/ Pour les couples de femmes, on détermine que comme dans un mariage homme-femme, l'enfant est issu des deux femmes mariées, et l'on produit à la naissance de l'enfant un état civil sur lequel il sera inscrit : Parent 1, madame X, parent 2, madame Y. Cela veut dire que les termes de « père » et de « mère » vont disparaître au profit du générique « parent », et si l'on veut vraiment la stricte égalité, il est hors de question que certains états civils comporte la mention « parent 1 et parent 2 » et que d'autres comportent « père et mère ». L'état civil étant d'accès public, ce serait une source, pour le coup, de discrimination. Exit donc les notions de paternité et de maternité de la loi. Et ce n'est pas une question de mots : comment légitimer, à ce moment-là, les décisions de justice des affaires familiales préconisant qu'un nourrisson ne soit pas séparé de sa mère durant les premières semaines de sa vie lors d'un divorce ?

B/ Pour les couples d'hommes, on fait carrément sauter la clause de légitimation par le mariage, qui ne leur sert à rien puisqu'aucun des deux ne peut porter l'enfant. En créant de fait une discrimination entre les deux formes de mariage. Ou encore, on fait en sorte que certaines dispositions du mariage ne s'appliquent pas aux couples homosexuels quel que soit leur sexe, comme celle-ci, par exemple. Du coup, pour faire cesser une discrimination qui n'existe pas, on créerait un mariage à deux vitesses, donc discriminant.

C/ On enlève la disposition pour tout le monde, et du coup on siphonne le mariage de sa substance. Et mes enfants à moi se voient dans l'obligation d'être légitimés par leur père comme les enfants issus d'unions libres par une reconnaissance précoce de paternité afin que leurs droits à eux soient protégés en cas d'accident survenant à l'un de leurs parents. Le mariage n'a donc plus aucun intérêt, et que je me marie ou que j'opte pour l'union libre, mes enfants ne sont pas plus protégés.

Et la légitimation par le mariage n'est pas le seul problème. Quid du congé maternité ? Les lesbiennes auraient droit à 16 semaines, et les homosexuels hommes à 14 jours ? En fait, tout concourt à la disparition des notions de paternité et maternité dans la loi.

 

3/ Il existe des tas d'enfants, en France et dans le monde, qui ne se font pas adopter. Pourquoi donc empêcher un enfant d'être adopté par deux mères ou deux pères, c'est toujours mieux que de rester à l'orphelinat ou de se prostituer dans les rues de Manille ?

 

Faux. en France, il y a chaque année, bon an mal an, 800 enfants français adoptables pour 8.000 familles qui obtiennent l'agrément. Sur ces 8.000 familles, 4.000 resteront avec leur agrément dans la poche, sans possibilité d'adopter, faute d'enfants adoptables, justement. Les 4000 restantes se partagent ainsi : 800 se verront confier un enfant français, vidant ainsi quasiment le « stock » français (les seuls qui restent sur le carreau sont les enfants handicapés) et 3.200 s'adresseront à l'étranger. Sachant que les pays « exportateurs » sont de moins en moins nombreux – le Laos, par exemple, freine des quatre fers depuis janvier dernier, l'Ethiopie a réduit de moitié le nombre de ses ressortissants adoptables en 2 ans (445 en 2009, 288 en 2011), quant à l'Indonésie, elle a carrément fermé ses portes à l'adoption internationale en 1984, suivant en cela un mouvement généralisé de « fierté nationale » des pays émergents. On peut le déplorer ou s'en réjouir, n'empêche que c'est un fait : des tas d'enfants orphelins ne seront jamais adoptés dans le monde parce que les législations des pays d'origines s'y opposent, et le mouvement ne semble guère sur le point de s'inverser. Il ne suffit pas d'être orphelin pour être adoptable.

 

4/ Si vous êtes contre l'adoption par les couples homos, c'est parce que vous ne cessez de dire qu'un enfant a besoin d'un père et d'une mère. Dans ce cas, pourquoi n'êtes-vous pas opposés à l'adoption par des célibataires, ce qui est permis en France ?

 

L'adoption par des célibataires a été autorisée en France au même titre que celle des couples mariés en 1966. Elle répondait alors à un besoin précis, comme l'explique la juriste Françoise Dekeuwer-Defossez : « l'adoption par un célibataire a été permise en 1966 pour permettre l'adoption d'enfants « à particularités » dont les familles « normales » ne voulaient pas à l'époque. Il s'agissait de « caser » le plus d'enfants possibles, dans un contexte où les enfants adoptables étaient plus nombreux que les couples d'adoptants ». Le législateur avait alors considéré qu'effectivement, un seul parent valait mieux que pas du tout, ce qui est aujourd'hui caduc vu l'inversion massive du rapport adoptants/adoptables. Et pour une célibataire femme, l'adoption est dans les faits mille fois plus difficile que pour un couple marié ; pour un homme célibataire, c'est quasiment impossible. Et personnellement, je ne suis pas non plus favorable à ce que les célibataires puissent adopter, et je ne connais guère de gens qui désapprouvent l'adoption par les couples homos mais sont favorables à l'adoption par une personne célibataire.

 

5/ Le sexe des parents importe peu. Ce qui compte, c'est l'amour ! Et les homosexuels sont tout à fait aussi capables d'aimer un enfant que les autres ! Et l'hétérosexualité n'est pas un gage de stabilité. Certains homosexuels sont bien plus stables que bien des hétéros !

 

Posons la question autrement. Ne nous préoccupons pas du sexe des parents.Est-il préférable dans l'absolu pour un enfant, d'être élevé par ses deux parents biologiques, par un parent biologique et un parent adoptif ou par deux parents adoptifs ? Elle est , la vraie question. Dans un couple homosexuel, qui ne peut pas procréer seul et qui a forcément besoin d'au moins une autre personne, soit via l'adoption, soit via le don de gamètes, soit via une mère porteuse, tout enfant est issu soit d'un seul de ceux qui l'élèvent soit d'aucun. Bien sûr, il existe dans les structures familiales traditionnelles une foule d'événements qui font que cela arrive également : divorce ou mort d'un parent et remariage de l'autre, droits parentaux supprimés à la suite d'une maltraitance envers l'enfant, etc. Mais en aucun cas, j'insiste : aucun, le fait de ne pas vivre avec ses deux parents biologiques n'est une donnée de base naturelle ni épanouissante pour l'enfant. Que certains enfants aient une grande capacité de résilience et puissent être heureux malgré le fait de ne pas avoir leurs deux parents biologiques, je n'en doute pas un seul instant. Mais faire un enfant dans le but de le priver de sa filiation biologique pour la remplacer parune filiation adoptive, c'est tout autre chose. Et c'est bien de cela qu'il s'agit : comme le marché de l'adoption est tendu au possible, il ne reste guère, pour les couples d'hommes, d'autre choix que d'utiliser des mères porteuses, et aux couples de femmes de faire appel au don de gamètes. Sous prétexte que des enfants unijambistes heureux existent, faut-il pour autant créer des enfants volontairement unijambistes ? Si les enfants adoptés parviennent pour la plupart à admettre que leurs parents adoptifs n'en sont pas moins leurs parents, c'est toujours au prix d'un long questionnement, et parce qu'ils ont intégré qu'un accident de la vie s'est interposé entre leur désir d'être les enfants en tout point, y compris biologique, de leurs parents, et le Réel. Expliquer à un enfant que volontairement, parce qu'on l'aimait très fort, on lui a bricolé une filiation d'emprunt, ça promet des repas de famille tout à fait enchanteurs.

 

6/ A vous entendre, l'apocalypse est proche. Comment pouvez-vous être si sûrs que les enfants de couples homos ne seront pas aussi heureux (voire plus heureux) que les enfants de parents hétéros ?

 

Nous n'avons certes guère de recul sur ces situations nouvelles, même si les rares études sérieuses sont assez catégoriques, et pas dans le sens des partisans du mariage gay. Par contre, nous commençons à avoir pas mal d'études sur une situation suffisamment comparable, qui est celle des enfants de couples divorcés. Eux non plus ne vivent pas, par définition, avec leurs deux parents biologiques. Et les petits arrangements entre adultes sur le thème « tout va bien, l'important c'est pas qu'on s'aime entre parents mais qu'on aime nos enfants même séparés » ne tiennent guère la route chez eux. Demandez donc aux psys, toutes écoles confondues. Vous me direz que les psys ne voient, justement, que les enfants qui ne vont pas bien. Certes. Mais quand un psy voit sa consultation prise d'assaut par des centaines de gamins qui racontent tous leur difficulté à être au monde avec autant de gens autour de leur filiation, ça veut tout de même dire quelque chose. On peut faire mentir un état civil en mettant dessus que deux femmes ou deux hommes sont les parents d'un enfant, ça n'empêchera pas pour autant l'enfant d'être conscient du mensonge que cela représente. Et je connais suffisamment de nés sous X pour savoir ce que représente ce fameux extrait de naissance où il est écrit que leurs parents adoptifs sont leurs parents biologiques. Le mensonge, il n'y a que les adultes pour y croire. Comme me le disait une gamine de 10 ans à qui son papa venait de lui expliquer longuement qu'il allait vivre ailleurs parce qu'il n'aimait plus sa maman, ce qui ne voulait pas du tout dire qu'il ne l'aimait plus elle, et à qui je demandais si cela lui avait fait du bien : « Pfffff. Papa vient de me dire que c'est pas parce qu'il ne voulait plus vivre avec moi qu'il ne voulait plus vivre avec moi ». Tout est dit. Et là encore, les fameuses études, si difficiles à effectuer sur ce terrain (ça se quantifie comment, la souffrance et le mal-être ? ) finissent quand même par nous mettre le nez dedans : le fait de grandir avec un parent et un beau-parent, dans la majorité des cas, c'est dur pour les gamins. Et ne me rétorquez pas le cas du gosse tellement plus heureux avec belle-maman super gentille qu'avec son affreuse mère alcoolique et maltraitante. Ce n'est pas, loin s'en faut, la majorité des causes de divorces. Et l'on oublie un peu vite que pour un enfant, une mère biologique défaillante vaut toujours mieux qu'une super belle-mère, parce que c'est sa mère biologique.C'est d'ailleurs ce que nos services sociaux ont compris, en ne faisant du placement d'enfants qu'un élément de dernier recours.

 

 

7/ Mais en quoi la légalisation de la gestation pour autrui (GPA) serait-elle forcément la conséquence de la légalisation du mariage entre deux personnes homosexuelles ?

 

Parce que le président de la République actuel est favorable à l'insémination artificielle pour les couples de lesbiennes. Et, bien qu'il se dise contre la GPA, sa position est intenable. Comment imaginer qu'on puisse consacrer un « droit à l'enfant » pour les femmes et pas pour les hommes ? On voit, une fois de plus, à quel point sous prétexte de réduire une discrimination imaginaire, on en crée de nouvelles. Et parce que c'est d'ores et déjà ce qui se passe. Au Srushti Infertility Centre d'Hyderabad, en Inde (pays qui a bien compris le business que cela représente), le Dr Samit Shekar est formel : « Nous voyons une augmentation du nombre de couples de gays et d'hommes célibataires venir à notre clinique dès que la légitimité de leur union publique est accordée dans leurs États respectifs ou pays ». De plus, un arrêt récent de la Cour d'appel de Paris, même s'il n'a pas été confirmé en appel, a d'ores et déjà légitimé le recours à une mère porteuse « dans l'intérêt supérieur de l'enfant ». Ce n'est qu'une question d'années ou de mois avant que la loi ne se trouve obligée de s'incliner devant les décisions de justice. Et c'est parfaitement logique : les couples d'hommes, contrairement aux couples de femmes, ne peuvent guère faire autrement que de faire appel à une mère porteuse.

D'autant qu'à l'adoption internationale, déjà très restrictive, bien des pays refusent de laisser adopter leurs ressortissants par des couples de même sexe, fussent-ils mariés. Or, même si on pense vraiment que la GPA n'est pas la création d'un sous-prolétariat du ventre et qu'il n'y a aucun mal à demander à une femme, moyennant finance ou non, qu'elle fabrique un enfant pour autrui, les problèmes juridiques sont légion. On le voit dans les pays où la GPA est autorisée : régulièrement, les tribunaux se voient obligés de départager des histoires invraisemblables dans lesquelles les enfants ne sont guère la priorité des adultes. Qu'arrivera-t-il, par exemple, si l'enfant est porteur d'une anomalie ou d'un handicap ? On annule la commande ? On la propose à d'autres ? Et si la mère porteuse décide de garder l'enfant dont les pères ne veulent plus, comment obliger un homme à avoir un enfant sans son consentement ? Et comment obliger une femme à avorter ? Et ce n'est qu'un exemple. Je ne suis vraiment pas certaine que le « mariage gay » facilite quoi que ce soit. En revanche, ce dont je suis sûre, c'est que pour les gamins, les choses seront bien plus difficiles, car leur filiation biologique quelle que soit la valeur de leur parentèle adoptive restera comme un caillou dans la chaussure. Oui, dans le meilleur des cas, la plupart s'en sortiront malgré cela. Mais je prétends qu'une société qui veut faire passer la volonté de s'illusionner des adultes avant, non pas le bien-être, mais le meilleur-être des enfants, en faisant passer des lois qui réécrivent l'histoire personnelle de ces enfants, est une société qui génère une violence institutionnelle qu'il ne faudra pas s'étonner de voir exploser un jour ou l'autre.

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6 août 2012 1 06 /08 /août /2012 13:12

article_photo_1227186167793-3-0.jpgMon Dieu qu'elle fait jaser, cette prière que Mgr Vingt-Trois a recommandée pour la fête de l'Assomption, le 15 août prochain, afin de demander à Dieu de préserver la famille dite ''traditionnelle''. Pendant que le Parti Radical de Gauche en hurlait de terreur (j'en ai parlé il y a deux jours), voilà que Nadine Morano, dont on ne dira jamais assez à quel point elle nous manquait depuis la fin du quinquennat de Sarkozy, explique qu'elle ne s'y joindra pas : ''La Vierge Marie à laquelle je suis très attachée ne rejette aucun de ses enfants. A titre personnel je ne m’attacherai pas à cette consigne''.

 

Elle est pourtant bien classique, cette prière universelle. Allez-donc y voir. Pas d'anathème, pas de menace d'enfer, même pas le moindre petit bout d'excommunication à se mettre sous la dent. Juste une demande de nous rendre plus attentifs à la misère économique et de faire que les politiques privilégient le bien commun plutôt que les demandes particulières. On y lit en filigrane une allusion assez claire à la possible ouverture du ''mariage pour tous'', cet élément de novlangue qui fleure bon la démocratie enfin rétablie et l'injustice boutée hors de France. Mais enfin, on a connu des textes plus belliqueux.

 

Mais peu importe. Pour Nadine Morano, il s'agit de montrer qu'être de droite, c'est être cool. Et être cool, c'est être pour le mariage gay et l'adoption par les couples homos. Alors afin de donner une assise scientifique à la question, Nadine énonce des statistiques. C'est fiable, la statistique, c'est solide, c'est scientifique, tout ça. Et voilà donc qu'elle nous explique qu'elle est pour la famille pas traditionnelle (comprenez les enfants élevés par des personnes homosexuelles), parce que, ne l'oublions quand même pas, ''85% des violences faites aux enfants le sont dans des familles traditionnelles''.

 

C'est marrant, ça me rappelle un slogan publicitaire assez populaire, dans mon jeune temps : ''Loto : 100% des gagnants ont tenté leur chance''. Comme l'a souligné Stéphane Lemessin, on pourrait ajouter, sans craindre d'être scientifiquement contredit, que 100% des divorces ont lieu dans les couples mariés, que 100% des femmes battues présentent des signes de maltraitance et que 100% des maladies nosocomiales sont contractées dans un cadre hospitalier.

 

Ce qui m'amène à m'interroger : ce chiffre de 85% (un Danette au spéculoos pour celui qui me trouve d'où il sort), ne serait-il pas un peu homophobe ?

 

Admettons qu'il y ait en France effectivement 300.000 familles dites ''homoparentales'' (voyez, je suis sympa, je prends les chiffres gonflés aux stéroïdes des partisans du mariage gay). Sur 17.5 millions de familles françaises, cela fait, si je calcule bien, 17.2 millions de familles traditionnelles. Si 85% des violences leur sont imputables, cela fait 15% qui le sont aux familles homoparentales. Cela veut donc dire que 1,71% des familles (les familles homoparentales) concentreraient 15% des violences familiales.

 

Soyons fair-play : je pense que le chiffre de Nadine Morano est une ânerie de première, destinée à sidérer, de même que lorsque l'Association pour le droit à mourir dans la dignité nous assène sans rire que 91% des Français sont pro-euthanasie. Il s'agit simplement de créer la confusion en associant dans le même énoncé ''85%'', ''famille traditionnelle'' et ''maltraitance'', et accréditer ainsi que la famille traditionnelle est massivement le lieu privilégié de l'enfer.

 

Mais affirmer en creux que les familles homos sont aussi horribles, ça, ma petite Nadine, ce n'est pas très gay-friendly.

 

Vilaine, va.

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25 juillet 2012 3 25 /07 /juillet /2012 23:58

piedsC'est l'été, et François Miclo et son nouveau site Tak.fr m'ont offert l'hospitalité dans leur palace ce jour afin d'y parler prostitution. Si vous avez plus de dix-huit ans, vous pouvez voir ce qui s'y est passé en cliquant ici. Bonne lecture!

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